La cuisinière de Mary Beth Keane

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Une jeune femme immigrée, bien intégrée dans le New-York des années 1900, se retrouve confrontée à une épidémie de fièvre typhoïde. Culpabilisée, accusée et même confinée de force par les autorités, Mary Mallon, en pleine forme, est incrédule et révoltée. Et si tout cela était vrai…

En ce début du XXème siècle, Mary Mallon est cuisinière à New-York. Employée et logée par des familles bourgeoises la semaine, elle ne rentre que le week-end retrouver Alfred, son compagnon. Ensemble, ils louent un petit appartement agréable dans un quartier populaire et chaleureux de la ville.

Profession Cuisinière

C’est surtout Mary qui règle les factures. Travailleuse acharnée, elle est fière et heureuse de cuisiner pour des employeurs aisés qui la payent bien et avec qui elle entretient d’excellentes relations.

Mary a souvent changé d’emploi. Le sort semble s’acharner sur les familles chez qui elle travaille. Toutes sont victimes de la fièvre typhoïde, certains même en succombent, notamment les enfants. Peinée mais toujours en pleine santé, Mary n’a jamais de mal à trouver une nouvelle place.

Mary Mallon

Jeune immigrée irlandaise de 14 ans, pauvre et isolée, d’abord destinée à être blanchisseuse, Mary a réussi à devenir une cuisinière compétente, talentueuse et recommandée. Indépendante, courageuse et déterminée, c’est avec une grande confiance qu’elle envisage son avenir.

Incompréhension et arrestation

Mais, brusquement et brutalement, la vie de Mary bascule. « Par un froid matin de mars 1907, les services sanitaires, en coordination avec la police new-yorkaise, décidèrent que Mary Mallon devait être arrêtée.“* Soupçonnée de transmettre la typhoïde, elle est placée, de force, en isolement à hôpital Willard Parker puis à North Brother Island, une petite île au large de Manhattan.

* Extrait de La cuisinière de Mary Beth Keane, traduit par Françoise Pertat, titre original : Fever

Mary Mallon a été contrainte de vivre dans cette petite maison sur une île de l’East River.
ARCHIVES MUNICIPALES DE NEW YORK

Privée de son libre arbitre, contrainte de se soumettre à des examens médicaux et à un protocole sanitaire strict, Mary ne comprend pas. Elle se considère comme victime d’un acharnement des autorités médicales. Incrédule, elle ne peut absolument pas imaginer être porteuse et vectrice de la typhoïde. Bien décidée à reprendre sa destinée en main, elle refuse d’obtempérer et décide de lutter pour retrouver sa liberté…

Un destin hors du commun

La suite, c’est un thriller historique agréable à lire, intéressant et surtout très bien documenté. Écrit en 2013, ce roman nous plonge dans le New-York cosmopolite des années 1900, au cœur de l’affaire « Mary Thyphoïde », première personne identifiée comme porteur sain de la fièvre typhoïde (le patient zéro).

Dans La Cuisinière, Mary Beth Keane, écrivaine américaine d’origine irlandaise, a choisi de romancer la vie de Mary Mallon en la replaçant dans son contexte historique. Elle ne la juge pas mais tente de comprendre sa personnalité et ses comportements. Elle nous raconte un destin à part.
Elle nous donne son point de vue; à nous de nous faire notre propre opinion.

 illustration d’un journal américain, en 1909. (Wikimedia Commons / The New York American)

Mary Mallon (1869-1938)

Née le 23 septembre 1869, Mary Mallon contamina au cours de sa carrière de cuisinière 51 personnes. Sa notoriété a été renforcée par son déni véhément de sa responsabilité dans la transmission de la maladie et par son refus de changer de travail. Elle est morte d’une pneumonie le 11 novembre 1938, à l’âge de 69 ans. Son autopsie a révélé la présence, dans sa vésicule biliaire, de bactéries de la fièvre typhoïde. (Source Wikipédia)

Mary Mallon dans un lit d’hôpital de New York peu après son arrestation en 1907. 
BETTMANN/CORBIS

La typhoïde

« La typhoïde est une infection des voies intestinales et du sang causée par la bactérie Salmonella typhi. Elle se transmet par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les selles d’une personne infectée. » (La Presse)
« Une à trois semaines après la contamination survient une fièvre continue accompagnée de maux de tête, d’anorexie, d’abattement, de douleurs abdominales avec diarrhée ou constipation.
Dans les formes bénignes, l’état reste stationnaire pendant une quinzaine de jours puis la convalescence dure plusieurs semaines. Dans les formes plus graves, des complications peuvent survenir au niveau de l’intestin, du cœur ou du cerveau. La fièvre typhoïde peut être fatale en l’absence de traitement. » (Institut Pasteur)

Bactérie Salmonella typhi en 3d. Crédit d’image : Steven_Mol/Shutterstock.com

Le premier vaccin efficace contre la typhoïde a été développé à partir de 1896 par le bactériologiste et immunologiste britannique Almroth Edouard Wright.
Tout au long du 20ème siècle, l’incidence de la typhoïde a fortement baissé en raison de l’introduction du vaccin, de l’amélioration des conditions sanitaires et des politiques d’hygiènes publiques.
« En France, de 100 à 150 cas sont répertoriés chaque année chez des voyageurs ou des personnes originaires de zones d’endémie : Afrique, Asie, Amérique latine.
Un vaccin anti typhoïdique bien toléré, ne nécessitant qu’une seule injection, peut être administré aux voyageurs se rendant dans des régions à risque. L’effet protecteur dure 3 ans et le taux de protection en zone d’endémie est de 60%. » (Institut Pasteur)

La playlist New York

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La critique de Trollibi sur Babelio (extrait)

« L’auteur ne s’apitoie pas sur le sort de Mary, elle ne prend pas parti, laissant le lecteur se faire sa propre opinion sur les actes et pensées de Mary.
Et lui laissant le choix de répondre à cette question, s’il le peut : qu’aurions-nous fait à la place de Mary ? Aurons-nous accepté de croire les médecins et de nous laisser enfermer sans broncher ? Ou aurions-nous refusé de nous soumettre sachant qu’il y avait un risque qu’ils aient raison et que nous ne voulions pas l’admettre ? »

(babelio.com)

Podcasts

France Culture : Mary Typhoïde, Une vie en quarantaine

Futura sciences : Typhoid Mary, meurtrière malgré elle

Sources

La source La Presse wikipedia Institut Pasteur
Via shutterstock.com babelio
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